INVITÉ D’HONNEUR – RAPHAËL ENTHOVEN
Que signifie être humain à l’ère de l’IA ?

🔹 L’IA ne peut pas faire de philosophie
À ses yeux, l’IA a une faiblesse absolue : elle ne peut pas faire de philosophie car cette dernière « ne fait pas de progrès », n’est pas fondée sur une hiérarchie entre le passé et le présent, ni entre les vivants et les morts « qui ne sont pas les moins bavards » ! Le seul progrès en philosophie consiste selon lui au remplacement d’une certitude par un doute, un étonnement devant le banal, pas vraiment le but de l’intelligence artificielle.
Car selon le philisophe, la limite du pouvoir de l’IA est claire : la machine ne pense pas car « on ne pense pas par erreur mais par désarroi et par peur d’être mortel » et de citer Henri Bergson : « la vie a toujours un coup d’avance ».

🔹 Orgueil de démiurge plus que d’humilité
« Contrairement à un sentiment répandu, disant qu’on y est presque, j’ai de gros doute sur le fait que l’IA puisse un jour devenir humaine », tout comme on ne peut atteindre l’horizon en marchant droit devant soi.
Et le philosophe de terminer presque comme il avait commencé, soulignant que cette crainte de la création échappant à son créateur n’est pas l’apanage du 21ème siècle citant « Golem, Frankenstein, Pinocchio, Pygmalion – et Galatée seule fois où ça se termine bien » et soulignant que ce qui nourrit cette crainte d’être dominé par l’IA est surtout nourrie par un orgueil de démiurge plus que par l’humilité résultant de nos limites d’humain.